Aristote, Métaphysique

En février 2008 paraissait dans la collection GF-Flammarion une nouvelle traduction de la Métaphysique par Marie-Paule Duminil et Annick Jaulin. Il n'y avait à ce jour que deux traductions disponibles de la Métaphysique d'Aristote en français. Celle de Jules Barthélémy Saint-Hilaire date de 1878. Il est évident que depuis sa parution beaucoup de travaux en codicologie, en paléographie et en philosophie ont amélioré notre connaissance du texte et notre compréhension de son contenu. La seconde traduction, celle de Jules Tricot, a paru en 1933, puis a été plusieurs fois rééditée, en particulier en 1964. Le traducteur déclare lui-même avoir voulu « rendre la pensée d'Aristote » plutôt que de s'astreindre à « une exactitude littérale ». La présente traduction suit une méthode exactement opposée : elle se conforme rigoureusement au texte grec, tel qu'il est transmis par les manuscrits les plus anciens, pour tenter de saisir la pensée d'Aristote. Il est clair que la tâche n'en est pas simplifiée. Cependant l'évolution des connaissances philologiques et philosophiques autant que les exigences actuelles en matière de traduction montrent l'utilité de proposer une nouvelle version d'un texte rarement traduit.

Au début du mois de juin paraissait également, dans la collection « Aristote – Traductions et Études » des éditions Peeters (Louvain-la-Neuve), une nouvelle édition du livre Γ. Grâce à une nouvelle collation rigoureuse et complète des trois plus anciens témoins de la tradition manuscrite : J, E et Ab, l’édition par Myriam Hecquet-Devienne de Métaphysique Gamma corrige la vulgate imprimée. Le témoignage des lemmes et citations du commentaire d’Alexandre d’Aphrodise est également rectifié sur la base des manuscrits L et A. Après avoir exposé les principes méthodologiques suivis, analysé la tradition imprimée de la Métaphysique, donné une description codicologique et paléographique précise des manuscrits retenus, et examiné le rapport entre les témoins manuscrits, et entre les lemmes et citations d’Alexandre et la tradition directe d’Aristote, la traductrice propose une analyse de l’argumentation développée par Aristote dans le livre Gamma. La traduction qui accompagne ce texte grec fondamentalement révisé le suit de près, sans en gommer les aspérités, afin de le livrer dans toutes ses potentialités aux lecteurs. Des notes éclairent les passages trop abrupts, certains choix interprétatifs, ou les choix éditoriaux inédits.
Portant sur toutes les questions importantes et encore très controversées qui y sont abordées (statut de la science générale de l'Être, institution du principe de non-contradiction, etc.), les onze études réunies Annick Stevens qui accompagnent cette édition ont pour origine un colloque organisé les 13 et 14 décembre 2004 à l’Université de Liège, Aristote, Métaphysique Γ : Nouvelle traduction, nouvelles perspectives, dont l’objectif était de profiter de la nouvelle traduction de Myriam Hecquet pour renouveler également l’interprétation de ce texte aussi difficile que fondateur. Il s’agissait en particulier d’examiner si de nouveaux éléments étaient venus modifier les grandes propositions interprétatives publiées ces dernières décennies.

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